Gaston Godfrin

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Je dois vous parler de Gaston Godfrin. En tout tout premier, c'est mon oncle et je l'aimais autant que mon grand-père et mon père. Gaston Godfrin, c'est aussi un professeur de français et c'est avant tout un poète belge qui publia plusieurs recueils hors desquels je vous ai soumis trois poèmes: Le mépris du temps, Les Clowns et Le transétoiles.
Il est mort en 1981, sans crier gare. Pourtant, son dernier recueil, qu'il ne vit pas publier, parle principalement de la mort et s'intitule 'L'heure équilibre'. C'est son épouse, celle qu'il appelait 'mon épouse de toute éternité' qui avant de s'éteindre d'avoir trop pleurer et ne pouvant vivre sans 'son' Gaston, fit publier 'L'heure équilibre.'
On parle très mal de ceux qu'on aime alors je vais m'appuyer sur un grand nom de la littérature belge Michel Joiret qui préfaça ce dernier ouvrage
Voici donc cette préface, qui vous fera sans doute comprendre et connaître qui était ce poète belge:

"Peut-être oserais-je mourir
Un rêve fou entre les dents...."

Gaston Godfrin parle si doucement de la mort que d'obscures connivences se tissent entre le poète et sa lyre noire. On ne peut en effet être dupe : chez un être dont l'intelligence des choses est toujours en éveil, une connaissance profonde de l'espace et de ses limites prend des formes concrètes et nuancées. N'est-ce pas Camus qui disait que la lucidité est une forme supérieure du désespoir ? Godfrin ne définit pas la poésie mais il parle d'un état de grâce et de disponibilité second à aucun autre........

"Longues rames d'ennui
Dans les gares sans tête
Un train trébuche et tette
Le sein plat du ciel gris."

On observera l'aisance de la transcription métaphorique, la disposition classique d'un hexamètre très souple, la musicalité des syllabes élues semble-t-il pour leurs vertus acoustiques, l'intériorité d'un ensemble que le confort du genre dispute à la fantaisie, voire à l'audace du trait. Poète rassurant par le ton et l'obédience à la tradition, Gaston Godfrin cède à l'inquiétude quand elle s''écrit en filigrane de la tendresse d'être, cette même tendresse qui est le patronyme de la poésie de Godfrin, présente à tous les échelons d'une existence aux sens tendus comme les conques, toujours à l'écoute des êtres et des choses. L'heure équilibre est le recueil d'un autre temps, sorti vivant des " yeux du Grand Meaulnes".

" Seul l'homme est briseur d'équilibre
Ses mains ouvertes sont plateaux
D'une balance que ne vaut
Pas le poids clair d'un oiseau libre "

Dieu, la femme, l'enfant, la mort sont les protagonistes d'un drame dont le poète distribue les rôles selon l'humeur des choses et du temps. "'Refermons ce silence" dit le poète sensible à la vie intérieure, à l'absence même de la vie là où Dieu s'arrange avec l'image qu'il laisse de lui aux hommes de passage.

" Crane à l'envers
Où roucoule la pluie"

Il est clair que Gaston Godfrin a toujours recherché la vérité par de fréquentes plongées dans l'inconscient, il est évident qu'il vivait en poésie comme on vit en religion, toujours prêt à assumer l'indifférence des tribuns et des marchands.

"Qu'on se garde de "tuer quelqu'un
à coup de mémoire"

le poète, lui, résistera à la vanité des thuriféraires comme au geste débonnaire des indifférents. " J'ai le bonheur profond au sein de ma maison", disait-il en substance à ceux qui voulaient bien l'écouter. Mais écoute-t-on les poètes dont l'engagement est bien plus un acte de foi qu'une incitation à la parole ?

Il se devait que Marin mourût au cœur de la bataille de la lys et que Périer s'éteignît tout près du Bois de la Cambre. Il est juste, sans doute, que Gaston Godfrin trouve au terme de ses jours, des accents nouveaux, qu'il avait appelés de toutes ses forces mais qui l'attendaient au terme de son existence, comme s'il fallait les mériter, les voir venir, comme si la douleur et l'ombre négociaient pour s'approprier avec l'âme, la charpente verbale du poète. Ainsi, Godfrin restera le poète d'ombre et de lumière comme chez Périer, comme chez Marin. A nous de faire le jour au-delà de l'éloignement.

" Laissons mourir le rêve
D'avoir été nous-mêmes"

Tout ceci est simple, presque évident. Carême se rapproche. On se souvient de Bernier, de Périer, de Marin. On dresse le couvert pour l'éternité et les mots circulent. Gaston Godfrin nous parle avec lenteur, ce ralenti d'un vécu intense, d'une circulation vive de l'essentiel.

Décidément, il y a des mots qui nous font douter de la mort elle-même....

Michel Joiret



Je ne vous demande pas de me pardonner d'avoir endossé ses textes sous le pseudo de Nobody-Know-My-Name ( vous avez toujours trouvé sous ses poèmes ses initiales G.G.) mais je vous demande de le choyer au sein du groupe :iconnotreforteressebrule: comme un poète à part entière, un poète oublié parce que les belges sont faibles et peu reconnaissants envers les leurs. Nul n'est prophète en son pays, le sera-t-il dans le vôtre ?

Toutes mes excuses pour vous avoir offensé et avoir offensé peut-être son nom qui est aussi le mien. De cette famille, portant encore ce patronyme, nous sommes encore 5. Le sang de son sang n'en a cure. Le mien ne peut admettre cette forme de mort.

M.A.E.I.G. Godfrin  ( Marie Anne Eugénie Imelda Ghislaine Godfrin)

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Comments12
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Alittlebitdreamer's avatar
Chez les arabes il n'y a pas de distinction entre un ancêtre et un descendant et soi ;)
J'ai hâte que ton projet voit le jour pour me le procurer avec ta dédicace !!!
[Hani c'est le diminutif de Madani Reziki ( le prénom de mon grand père et le nom de jeune fille de ma grand mère donc il y a un paquet de petits enfants qui peuvent reprendre ce patronyme)]